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VIE in VIEtnam
7 janvier 2009

Bhumibol Adulyadej, le neuvième

DSC04132Une des premières choses que l'on remarque en arrivant en Thaïlande est l'omniprésence du roi : des photos à tous les coins de rue, des drapeaux jaunes à son emblème, des tee shirts jaunes dans la foule...

Le roi est donc adulé par ses sujets, presque comme un dieu ; il peut faire "tomber la pluie" (il détient même un brevet) et est un grand saxophoniste. Cependant il est également une des raisons de la crise politique actuelle du pays.

La monarchie absolue disparaît en Thaïlande en 1932 pour devenir monarchie constitutionnelle. Le roi Bhumibol, alias Rama IX, monte sur le trône en 1946 à la mort mystérieuse de son frère (le seul livre qui traite du sujet est interdit en Thailande, The King Never Smiles, Paul Handley, 2006). Il n'a que 19 ans quand il devient roi mais il gagne en carrure avec les années et s'immisce de plus en plus dans les décisions politiques du pays. Il créé de plus une sorte de réseau monarchique, grâce auquel il reçoit de l'argent sous formes de dons à la monarchie, récompensés par divers honneurs, et qui permet de redonner son pouvoir d'antan à la monarchie.

De plus, la mise en place d'un des systèmes de législation les plus durs au monde en terme de lèse majesté, permet au roi de jeter quelqu'un en prison pour des années à la moindre critique. Cela explique aussi pourquoi il est si adulé - publiquement du moins.

Cette adulation générale - vraiment frappante quand on est sur place - pourrait également s'expliquer par la guerre du Vietnam. En effet, à cette époque les Américains voyaient la Thaïlande comme un allié fort contre les communistes et ont dont injecté suffisamment de capitaux dans le pays pour que chaque foyer possède une photo de leur roi, et que celui-ci fasse figure d'icône anticommuniste.


29f2d1ca_e4ab_456d_86e5_9bced74bb6e1Bhumibol a toujours interféré dans les affaires du gouvernement et on ne peut pas dire qu'il soit un fervent défenseur de la démocratie (assez malmenée il faut dire : 18 coups d'état au cours de son règne).
Quelques mois avant le coup d'état de 2006, qui a éjecté Thaksin, le roi aurait demandé (comprendre ordonné) aux juges du pays "d'agir" pour sortir le pays de la crise politique.
Cela explique également comment la justice traite certains dossiers, notamment celui de Thaksin, l'ancien premier ministre, même si cela ne veut pas dire qu'il soit blanc comme neige au sujet des accusations de corruption.

Il faut savoir que Thaksin était soutenu au départ par l'élite royaliste de Bangkok (aujourd'hui l'Alliance du peuple pour la démocratie, PAD), qui comptait sur lui pour redynamiser le pays en 2001 encore affaibli par la crise de 1997. Ce qui pourrait expliquer leur haine particulièrement virulente envers lui aujourd'hui.

Le bilan du gouvernement qui a pris la suite après le coup d'état de 2006 fut plutôt médiocre, et le Parti du Pouvoir du Peuple (PPP), le nouveau parti de Thaksin, remporte les élections législatives en décembre 2007. Ce qui entraîne la PAD a redoubler de violence en 2008 (en défiant la police avec des armes pour pousser l'armée au coup d'état, en occupant le siège du gouvernement depuis août et en bloquant les aéroports de Bangkok avec les conséquences que l'on connaît) avec pour conséquence le démantèlement du gouvernement par la cour suprême et la nomination d'un nouveau premier ministre.

Et si jusqu'à maintenant le roi a toujours su imposer ses décisions dans les coulisses politiques du pays, il est cependant perçu comme gage de stabilité et de cohésion nationale.
Il vient de fêter ses 81 ans le 5 décembre dernier, l'après-Bhumibol risque d'être difficile pour la Thaïlande avec un prince héritier qui n'a certainement pas le charisme ni le sens politique de son père.

Même si la popularité du roi s'effrite de plus en plus, notamment au sein du peuple hors de Bangkok (qui pour la première fois commence à montrer sa désillusion publiquement), la plupart des Thaïlandais n'ont connu qu'un seul roi et la transition risque d'être difficile pour beaucoup d'entre eux.



(source: The Economist --> article vivement condamné par The Nation, quotidien thailandais centre gauche, qui accuse The Economist d'accuser la monarchie de la crise constitutionnelle alors que la popularité du roi n'a jamais été mise en cause, et le mécontentement du peuple n'est pas dirigé contre la monarchie. La monarchie thailandaise n'est donc pas en crise, et les étrangers n'y comprennent rien)

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